Comment Nous Avons Financé les 100 Meilleurs Projets et Entreprises de Restauration des Terres en Afrique
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Le secteur de la restauration des terres en Afrique est jeune, mais en pleine croissance. Dans le cadre de l'AFR100, 32 pays se sont engagés à restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées en Afrique, soit une superficie équivalente à celle de l'Égypte. Ils ont compris que des terres restaurées peuvent apporter de la nourriture, de l'eau et des revenus aux communautés locales, tout en stockant le carbone qui réchauffe la planète et en protégeant la biodiversité vulnérable.
Ces engagements constituent un début important. Maintenant, l'action doit s'accélérer. En septembre 2021, WRI, One Tree Planted et Realize Impact ont fait un pas dans cette direction : Nous avons alloué 15 millions de dollars à 100 organisations communautaires et entrepreneurs dirigés localement, répartis en subventions et prêts individuels de 50 000 à 500 000 dollars. En deux semaines, plus de 3 200 de ces innovateurs africains ont déposé une demande de financement auprès de ce que nous appelons le "TerraFund for AFR100".
Lors de la conférence des Nations unies sur le climat COP26 en novembre, nous avons annoncé la première cohorte d'organisations et mis en lumière des entrepreneurs comme Jane Maigua, qui dirige Exotic EPZ, une entreprise de transformation de noix de macadamia au Kenya, et des leaders communautaires comme Pauline Nantongo Kalunda, qui gère ECOTRUST, une ONG ougandaise qui paie les agriculteurs pour faire pousser des arbres. Inspirés par l'action, les ministres africains ont appelé les bailleurs de fonds et leurs propres pairs à réunir plus de 100 fois cette somme initiale pour lancer une deuxième phase de l'AFR100.
Aujourd'hui, après six mois de sélection minutieuse, notre équipe a retenu 80 projets communautaires et 20 entreprises travaillant dans 27 pays africains. Ces leaders vont restaurer des milliers d'hectares, faire pousser des millions d'arbres et aider des dizaines de milliers de personnes.
Comment avons-nous évalué 3 200 candidatures en six mois ?
En septembre, l'équipe a activé le réseau de partenaires de l'AFR100 pour diffuser les directives de candidature par e-mail, WhatsApp et le bouche-à-oreille. Nous avons organisé un webinaire de questions-réponses avec plus de 1 100 participants, rédigé une FAQ détaillée sur la base de leurs commentaires et reçu 3 271 manifestations d'intérêt de 31 pays africains.
Les candidats ont adopté une grande variété de techniques de restauration des arbres, de l'agroforesterie à la restauration des mangroves et à la régénération naturelle assistée. En moyenne, ils demandaient 145 000 dollars et avaient neuf ans d'expérience en matière de restauration.
Le nombre de candidatures nous a surpris et inspirés, mais nous avions mis au point un processus de sélection solide - issu de cinq années de collaboration dans le cadre du programme de formation des entrepreneurs Land Accelerator de WRI - pour nous guider tout au long du processus :
- Organisation : L'organisation et le projet sont-ils bien gérés ?
- Évolutivité : Peut-il se développer avec davantage de fonds et réaliser des économies d'échelle ?
- Reproductibilité : Son modèle peut-il s'appliquer à d'autres paysages ou organisations ?
- Impact sur l'environnement : comment améliorera-t-elle le sol, la qualité de l'eau, le stockage du carbone et la biodiversité ?
- Impact social : comment améliorera-t-il les moyens de subsistance des communautés locales et des personnes marginalisées ?
- Rentabilité (pour les entreprises) : Le modèle économique est-il viable ?
En deux semaines, nous avons examiné toutes les propositions et invité les 459 candidats les plus prometteurs (345 organisations à but non lucratif et 114 entreprises) à soumettre des candidatures détaillées.
Comment avons-nous passé en revue ce nombre impressionnant de candidatures ? Au fur et à mesure que nous avons appris, nous avons constamment itéré pour répondre aux besoins des candidats et travailler plus efficacement.
Tout d'abord, nous n'avons pris en compte que les organisations qui opéraient dans les pays de l'AFR100, qui avaient une expérience de la croissance des arbres et qui avaient soumis des demandes complètes. Notre équipe de sélection bilingue, composée d'experts en restauration, en entrepreneuriat et en gestion de projet, a examiné chacune des candidatures restantes, s'assurant que chaque organisation était légalement enregistrée, qu'elle ne plantait pas une seule espèce d'arbre et qu'elle avait une grande expérience de travail avec les communautés locales.
Deux autres évaluateurs ont examiné de près chaque demande restante, afin de s'assurer que toutes ont reçu une évaluation équitable (et qu'aucune n'est passée à travers les mailles du filet). Sur la base de leur connaissance collective de la restauration, l'équipe a sélectionné les projets dont le coût par arbre ou le nombre d'arbres par hectare restaurés se situait dans les estimations du WRI et qui prévoyaient de faire pousser plus de 6 000 arbres.
L'équipe a également examiné les antécédents de chaque organisation. Nous avons exclu les organisations qui avaient peu d'expérience dans la croissance d'arbres, qui demandaient plus d'une fois et demie leur budget ou leurs revenus antérieurs, ou qui prévoyaient de planter plus de trois fois ce qu'elles avaient fait pousser l'année précédente.
Comment avons-nous sélectionné les 100 ?
Deux semaines plus tard, nous avions reçu 386 candidatures détaillées de la part des 459 organisations invitées, et nous avons commencé à sélectionner notre cohorte. Chaque demande a été examinée et notée en fonction des catégories suivantes : la capacité de gestion de l'organisation, sa stabilité passée et ses perspectives de croissance, ses antécédents en matière d'impact environnemental et social (y compris la culture d'espèces indigènes), ainsi que l'utilisation du financement et le niveau d'engagement communautaire du projet proposé. L'équipe a également évalué la capacité de chaque entreprise à utiliser et à rembourser le capital emprunté.
Accompagnées des commentaires de l'équipe d'évaluation, ces notes individuelles ont été combinées pour créer une note globale de 1 à 5. Les points focaux actifs de l'AFR100, les leaders politiques de cette initiative panafricaine, ont également donné leur avis sur les meilleures candidatures de leur pays.
L'équipe a ensuite mené plus de 120 entretiens, posant à chaque organisation une série de questions standard sur son histoire, ses stratégies en matière de semis et de croissance d'arbres, sa capacité de suivi et d'évaluation, sa santé financière et ses relations avec les communautés locales et le gouvernement. Pour les entreprises, l'équipe a également posé des questions sur leur plan d'affaires et leur rentabilité passée. Nous avons profité de cette occasion pour évaluer le type de soutien dont les organisations auraient besoin pour que leurs projets soient aussi fructueux que possible.
Nous avons ensuite organisé plus de 30 réunions de sélection, au cours desquelles les enquêteurs ont présenté chaque projet et son budget à l'ensemble de l'équipe. Par consensus, nous avons décidé d'inclure ou non l'organisation dans la cohorte et avons attribué à chacune une proposition de budget. Lors de la constitution de la cohorte finale, nous avons tenu compte de l'emplacement du projet et de son soutien par des organisations crédibles, le gouvernement ou des partenaires existants de l’AFR100.
De nombreux candidats au second tour ont demandé près de 500 000 dollars, le financement maximal disponible, même si ce montant était nettement supérieur à leur budget annuel des années précédentes. Nous avons travaillé avec chaque organisation pour élaborer un budget plus approprié : Environ trois quarts d'entre elles ont accepté un budget réduit et une nouvelle étendue des travaux. Enfin, les organisations à but non lucratif ont signé des accords de subvention avec One Tree Planted et les entreprises ont accepté des contrats de prêt avec Realize Impact. Les fonds ont déjà commencé à affluer.
Qu'est-ce qui distingue les meilleures applications des autres ?
Notre première analyse montre que les membres de la cohorte finale ont tous clairement communiqué leur expérience en matière de gestion de projet dans leurs candidatures. Bon nombre des projets que nous avons pris en considération mais qui n'ont pas été retenus auraient eu un grand impact environnemental et social, mais la plupart avaient besoin d'une assistance technique pour améliorer leur capacité à rédiger des propositions ou à gérer leur budget.
Dans les années à venir, nous prévoyons d'associer ces innovateurs débutants à des programmes de formation et de mentorat tels que le Land Accelerator, afin qu'ils puissent élaborer des projets plus solides et attirer des investissements.
Quelle est la prochaine étape ?
Si nous avons beaucoup accompli au cours des huit derniers mois, nous avons encore beaucoup à apprendre. Pour les cycles futurs, nous devons donner aux organisations plus de temps pour soumettre des demandes de qualité, fournir des exemples d'excellentes propositions qui peuvent guider les candidats, et répondre aux questions plus efficacement. Nous savons que nous avons peut-être laissé passer par inadvertance des organisations à fort impact. Nous nous attendons à des défis et à quelques échecs dans notre top 100. En affinant notre processus et en apprenant avec nos partenaires, nous sommes impatients d'exploiter ces connaissances pour aider le secteur émergent de la restauration en Afrique à se développer et à croître.
Notre cohorte se prépare actuellement. Ils construisent des pépinières, mobilisent les communautés et achètent du matériel. Chaque projet utilisera TerraMatch, une plateforme de suivi-évaluation en ligne, pour suivre son travail, soumettre des photos et des statistiques d'avancement, et nous faire part de ses expériences sur le terrain. Au cours des cinq prochaines années, ces mises à jour semestrielles aideront les partenaires à évaluer la réussite des projets et des entreprises de restauration. Elles nous aideront à affiner nos propres méthodes de suivi des progrès.
Ces 100 projets constituent une première étape vers la deuxième phase de l'initiative AFR100 : des centaines d'autres de nos candidats (et d'autres projets trouvés par nos partenaires) sont prêts à être financés. En ce moment, WRI répertorie les possibilités de financement et mobilise davantage de capitaux. Le Land Accelerator Africa fournit également une assistance technique à 100 entreprises supplémentaires, afin de les préparer à recevoir et à rembourser des prêts. Grâce à cet élan, nous pouvons promouvoir les projets et entreprises de restauration menés localement dans toute l'Afrique. C'est une opportunité que nous ne pouvons pas laisser passer.
Rencontrez la cohorte sur www.africa.terramatch.org/francais. Vous avez des questions ? Adressez-vous à terramatch@wri.org.
TerraFund for AFR100 est financé par le Bezos Earth Fund, ainsi que par AKO Foundation, Caterpillar Foundation, DOEN Foundation, Good Energies Foundation, Lyda Hill Philanthropies, et Meta.